Une femme d’exception : Madame Dora, Denise GURFINKIEL LESSMAN, Françoise en Résistance nous a quittés ce 3 juillet 2022 à son domicile parisien.

Originaire de la région parisienne, de confession juive, elle est contrainte après la promulgation des Lois iniques du régime de Vichy de se réfugier en zone dite libre dans une ferme de la région de Forcalquier (Alpes de haute-Provence). C’est là qu’à 18 ans elle s’engage dans la résistance en double qualité d’agent de liaison et de dactylo. Elle parcourt à « bicyclette » l’arrière-pays, porte messages, tracts et documents divers, rédige des articles pour le journal clandestin  «  le chant du départ », toutes activités qui lui vaudraient une arrestation immédiate, une sanction manifeste.

Le 15 juillet 1944, elle est à  Oraison où se réunissent tous les chefs du Comité Départemental de la Libération. Contrôlée une première fois lors d’un barrage allemand, sur ordre, elle y retourne le lendemain, brave à nouveau avec une témérité rare le contrôle. Arrivée au barrage, ce ne sont plus des allemands mais des pseudos résistants qui sont présents. Cela l’étonne. Elle apprendra plus tard, qu’agissant sur dénonciation d’un traitre, ce sont les tristement célèbres collaborateurs français issus de la pègre marseillaise dits Brandebourg [1] qui opèrent. Elle passe sans encombre le contrôle, dans la proximité rejoint la ferme du couple Benoit après avoir récupéré une machine à écrire à la gendarmerie du lieu. C’est là, à cet instant, qu’elle est interpellée par les miliciens.

Au 425, rue du Paradis à Marseille ce n’est pas le bonheur qui vous attend, c’est la mort.

Dans les faits, la quasi-totalité des responsables de la Résistance locale est arrêtée ce jour-là dans ce qui deviendra le guet-apens d’Oraison, opération conjointe des nazis, de la milice et des brandebourgeois. Déplacée sur le SIPO-SD (gestapo) de Marseille, sis au 425, rue du Paradis, elle est Interrogée, battue, torturée par Ernst DUNKER, le chef des gestapistes. Elle ne dit mot. Affaiblie, perdant connaissance à plusieurs reprises, elle est emprisonnée aux Baumettes, doit être fusillée, sans jugement, le 17 août. Le 15, jour du débarquement de Provence, le zèle et la motivation des miliciens se relâchent à tel point qu’avec quelques camarades, elle réussit à s’évader, échappe ainsi à une mort certaine et programmée.

Elle apprend quelques jours après que son frère, résistant dans la région de Grenoble a été fusillé. Plus tard, elle comprend que sa mère déportée dans un camp d’extermination ne reviendra pas. Sa vie à suivre mériterait d’être relatée tant elle est romanesque,  proprement époustouflante mais ce serait une autre histoire. Ce faisant, Dora, Denise, Françoise a répondu toute sa vie à l’injonction de René Char, poète et résistant :

Impose ta chance, serre ton bonheur, va vers ton risque. A te regarder, ils s’habitueront.

[1] Ceux-là même qui agiront à pont Saint Esprit (la citadelle) et Bagnols sur Cèze dans la même période.

 

                                                                 

 

                                                                                                  

 

 

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