L’Amiral Jean-Marie Filippi nous a quittés le lundi 11 juillet dans ses quatre-vingt-quatrièmes années.
Ses obsèques ont eu lieu ce samedi 15 juillet à 9h dans l’église Saint Joseph des Trois Piliers à Nîmes en présence de sa famille et ses amis qui lui ont manifesté beaucoup de respect, d’admiration et de tendresse.
 
Parmi les autorités présentes, il est à notre la présence de Monsieur Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes, qui lui a rendu un hommage très appuyé pour les vingt années passées à ses cotés au conseil municipal de la ville.
 
 
Hommage de Monsieur Lionel Filippi à son père :
 
« Notre père était un homme libre, un homme acharné au travail, un homme de devoir.
Il est né dans une famille d’horticulteurs à Saint Laurent du Var en 1940, il a été placé au séminaire, a réussi « Math-élem », a préparé les grandes écoles à Paris, a intégré l’école navale puis a embrassé une carrière professionnelle dans la marine et plus particulièrement dans l’aéronavale. Il a été major de sa promotion d’école de pilotage ce qui lui a permis de choisir les « Atlantic », les chasseurs de sous-marins. Il les aura préférés à l’aviation embarquée sur les porte-avions. Ce choix fut le bon : il y a excellé puisqu’ inventeur de tactiques de chasse de sous-marins ; il a totalisé 7000 heures de vols mais a aussi exercé des commandements de flottille, de base aéronavale, d’aviso-escorteur jusqu’à la consécration ultime de devenir contre-amiral de plein exercice à Brest. Il a connu différents théâtres d’opérations militaires au Liban, dans la guerre du golfe et a plusieurs fois frôlé l’irréparable. Et comme il aimait à le dire, il est sorti de sa campagne pour gagner les étoiles d’Amiral. Par sa volonté et sa pugnacité, il a réussi à s’imposer dans la Royale, institution pourtant très fermée. Et il a pu vivre passionnément sa vie professionnelle grâce au soutien indéfectible de sa femme.
 
Sa femme, en l’occurrence notre mère, a quitté son pays, sa famille, ses amis pour suivre un homme et embrasser sans en mesurer toutes les conséquences sa carrière militaire. Mais si leur union a été possible, c’est grâce à la folie de Maman mais aussi grâce à la volonté farouche de notre père qui a imposé à sa propre famille catholique, sa future femme, autrichienne, protestante dans un contexte d’après-guerre où les ressentiments entre français et germains étaient encore puissants. Il aimait répéter qu’il désirait atteindre deux objectifs dans sa vie : se marier avec Maman et entrer dans la marine. Il y a réussi. C’est cette envie de liberté qui a donné le ton à une vie dense et sans temps morts. Une vie professionnelle où il a toujours préféré la difficulté à la facilité, durant laquelle il a servi son pays avec engagement et fidélité même si certaines décisions politiques l’insupportaient. Cela nous a valu des déménagements tous les deux ans et il était rare qu’une affectation dépasse cette durée. En France, en Allemagne, à Nîmes, Paris, Toulon, Brest, Lorient, Salon de Provence et ailleurs, nous aurons quand même échappé à l’Argentine, destination de repli envisagée un temps, en cas d’échec à l’école navale pour laquelle mon père avait eu pour proposition de reprendre un ranch. Nous aurions ainsi élevé des bovins dans la pampa. Difficile de savoir s’il aurait été heureux dans cet environnement car par-dessus tout, il aimait son pays et le servir. Mission qu’il a accomplie avec brio durant sa carrière professionnelle : ses mérites auront été reconnus puisqu’il était Officier de la Légion d’Honneur, Commandeur dans l’ordre national du Mérite et qu’il a été décoré des médailles de l’Aéronautique, du Mérite Maritime et aussi, d’outre-mer pour son engagement au Liban.
 
Après 36 années au service de la Marine Nationale, alors qu’il aurait pu profiter de sa retraite après une vie professionnelle bien remplie, il n’a pas lâché le manche et a travaillé quelques années dans une société d’aviation civile puis s’est découvert une deuxième passion, l’engagement public. Il a intégré l’équipe de M. Jean-Paul Fournier devenu Maire de Nîmes en 2001 pour ne la quitter qu’en 2020. 19 années durant lesquelles il a découvert le milieu politique et ses règles qui lui seront restées souvent étrangères. Il n’avait rien à prouver, c’était fait, il ne voulait pas devenir khalife à la place du khalife, ce qui est très rare en politique. Non, il voulait tout simplement servir et encore servir. Il a intelligemment refusé une délégation de sécurité pour se consacrer à la propreté de la ville, pour se passionner pour les questions de traitement des déchets, de la politique environnementale et enfin des risques naturels avec le percement des cadereaux. Tous ces sujets l’ont passionné et l’ont occupé au point où il aura oublié sa retraite et celle de sa femme. Il n’aura cessé de travailler de l’âge de 20 à 80 ans sans discontinuer. Et il se serait bien vu entamer un quatrième mandat, perspective envisagée avec peu de lucidité à cause de la progression de la maladie mais bien révélatrice d’un goût acharné pour le travail voulant accomplir son devoir jusqu’au bout.
 
Il s’inscrit ainsi dans une tradition familiale corse, grand serviteur de l’état, fier mais discret sur sa réussite et son statut social. Il s’inscrit aussi dans la tradition des FILIPPI connus pour œuvrer dans l’ombre des puissants sans chercher la lumière. Issu d’une famille paysanne avec un aïeul membre de la garde personnelle de Napoléon Bonaparte, un père instituteur et lui aussi élu de sa commune, il se définissait lui-même comme un homme d’action, toujours en mouvement et pas comme un intellectuel. Et pourtant, il était un homme très cultivé, à l’esprit vif, orateur brillant en société, redouté pour sa répartie, avec un goût pour la lecture et l’écriture qu’il a sus transmettre. Ces goûts en apparence si futiles quand on est jeune, prennent toute leur importance dans la vie d’adulte et constituent de véritables colonnes de vie. Même si nous, ses enfants, avons pu peu partager ses passions et son travail si particuliers, nous aurons hérité de valeurs fortes de droiture, d’effort, de moralité, de religion. Attaché à la foi chrétienne et au catholicisme, tu auras placé à ta façon ta vie dans le chemin de Jésus-Christ. Notre cher père, notre seul regret est d’avoir le sentiment de ne pas t’avoir suffisamment connu mais est-ce possible, est-ce l’ordre des choses entre un père et ses enfants, quand une distance reste nécessaire pour donner le plus de liberté à chaque génération. Néanmoins, pourquoi ne pas avoir écrit tes mémoires qui auraient servi de guide à tes enfants et surtout à tes petits enfants. Il est un sentiment amer que la vie laisse, celle d’un éternel recommencement où les vies des générations qui se succèdent tombent dans l’oubli sans bénéficier aux suivantes ; mais peut-être que l’essentiel n’est pas là et qu’il nous revient aujourd’hui à ses descendants, de garder au plus profond de nous ce goût de liberté, ce goût pour le travail et cette envie de servir. Ton parcours de vie a été possible grâce à la réunion de trois forces à savoir, une volonté hors du commun, un amour et un soutien indéfectible de ta femme et la bienveillance du Seigneur. Ah, peut-être avons-nous oublié d’évoquer ton caractère affirmé ou « sale caractère » diraient certains. Bref, c’est bien tout cela qui t’a permis d’accomplir ton devoir.
 
Tu voulais rentrer dans la Marine et te marier avec Maman ? Aux 60 années d’activité professionnelle couronnées par des étoiles d’Amiral, tu auras joint les diamants de 60 années de mariage avec Maman. Que de lumière ! Merci notre cher Papa pour ce que tu as été. Tu as accompli de belles et grandes choses, tu as servi ton pays et ta ville avec sincérité et force, tu as honoré tes aïeux et la famille que tu as fondée avec Maman. Tu as snobé les risques auxquels tu t’es souvent exposé, tu as repoussé les limites de ce qui était possible de faire pour un enfant de la campagne, tu ne t’es jamais plaint en accusant les autres, tu as toujours avancé et encore avancé. Il nous revient désormais de passer ce flambeau si lumineux avec ses étoiles et ses diamants, avec humilité et abnégation.
 
Nous te souhaitons de trouver le repos éternel ».
 
Hommage rendu par Gérard Cantomerle, président de l’amicale des anciens de l’Aéronautique Navale « Languedoc Camargue »
 
« On ne résume pas la vie d’un homme avec tout son vécu en quelques mots. Cependant, en tant que président de l’Amicale des anciens de l’Aéronautique Navale « Languedoc Camargue », je me contenterai de relater son brillant parcours dans la Marine Nationale.
L’Amiral Jean-Marie Filippi nous a quittés le lundi 11 juillet dans ses quatre-vingt-quatrièmes années. Il est né le 23 janvier 1940 à Saint Laurent du Var dans les Alpes-Maritimes
 
A vingt et un an, en 1961, il entre à l’École Navale. Il est promu en 1962 au grade d’Enseigne de Vaisseau de 2ème classe. Il effectue la campagne Jeanne d’Arc au titre d’élève de l’école Navale.
 
Par la suite, il suit les cours de pilotage à l’escadrille 55S à Aspretto en Corse où il est breveté pilote le 11 mai 1966.
 
Après un bref passage à l’escadrille 56S sur la Ban Nîmes Garons, tout en restant sur la base, il effectue ses premières armes sur l’ATL1 à la flottille 22F de 1966 à 1969.
Ensuite il suit les cours ENERA (Énergie Aéronautique) en 1969 où à l’issue, il occupe les fonctions de CST (Chef du Service Technique) de la flottille 21F jusqu’en 1973. Jean-Marie Filippi est ensuite affecté sur le navire école Jeanne d’Arc pour deux campagnes de 1973 à 1975.
 
Puis de retour dans la patrouille maritime il est commandant en second de la flottille 22F pendant deux années de 1975 à 1977. Au terme de cette affectation, il est admis à l’École de guerre Allemande. Il rejoint l’École des Officiers Brevetés d’Aéronautique (EOBA) à Salon de Provence où il en prend le commandement. A l’issue, il est commandant de la flottille 21F de 1981 à 1983.
Il rallie ensuite l'état-major ALESCMED de 198 à1985) puis sera Commandant en Second de la frégate SUFFREN de 1985-1986, puis commandant de l’aviso
escorteur Victor Schoelcher de1986-1987.
 
Ensuite, Jean-Marie Filippi est commandant en second de la BAN Nîmes-Garons de 1987 à 1989 avant de devenir chef d'état-major ALPATMAR de 1989 à 1991).
 
Puis, il commande la BAN Lann-Bihoué du 14/06/1991 au 18/06/1993 pour servir ensuite au Service Centrale de l’Aéronautique (SC Aero) entre 1993 et 1995).
 
Il termine sa carrière comme amiral adjoint CECLANT à Brest de1995-1997.
Jean-Marie Filippi a été élu à la mairie de Nîmes de 2001 à 2021 où il exerçait le poste d'adjoint au maire puis de conseiller municipal. Il avait notamment la charge du dossier de la protection contre les inondations et à la sécurité des bâtiments publics. Il avait notamment piloté de grands travaux sur les cadereaux.
 
Au regard de toutes les marques de sympathie reçues après l’annonce de son décès, de nombreux hommages lui ont été rendus par tous ceux qui l’ont côtoyé.
Nous pouvons résumer les sentiments exprimés par cette phrase :
 
"un pilote très expérimenté et sûr, un officier exigeant et au-delà d’une apparence rude, un homme au grand cœur."
 
L’ensemble des membres des diverses associations de l’aéronautique Navale présente à son épouse, Elfriede, à ses enfants Élisabeth, Mathilde et Lionel, à ses petits-enfants leurs plus sincères condoléances. »
 
Jean-Marie Filippi avait accepté de figurer sur la liste de Jean-Paul Fournier lors des élections municipales de 2001. Après la victoire, le maire lui avait confié la délégation de la propreté, ainsi que celle de la lutte contre les inondations. Il a exercé le poste d’adjoint au maire, puis de conseiller municipal jusqu’en 2020. Il fait ainsi partie des élus qui sont restés près de 20 ans aux côtés du premier édile nîmois et de Franck Proust, président de Nîmes métropole.
Ce dernier lui rend hommage : "L'Amiral Filippi nous a quittés. Il a quitté Nîmes, son port d'attache, laissant dans son sillage l'impression d'une mission accomplie. C'est une grande fierté d'avoir fait équipe avec cet homme qui a servi durant deux décennies notre ville comme il avait servi son pays sur toutes les mers du globe. Avec droiture, loyauté et efficacité. Il avait aussi cette humilité propre à ceux qui ont l'intelligence de la vie. C'est une grande fierté d'avoir repris cette grande œuvre qu'est la protection de la population contre les inondations pour laquelle il s'était tant investi aux côtés de Jean-Paul Fournier. Je suis triste et, au nom de tous les élus de Nîmes Métropole, j'adresse à la famille et aux proches de l'amiral Filippi mes plus sincères condoléances."
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

SMLH Nous rejoindre

Nous rejoindre

Devenez membre

SMLH Gard Contact

06 32 18 54 01
smlh.gard@gmail.com

Facebook SMLH du Gard